Le mythe touristique de Marseille : ???

Marseille, Suite

«Marseille, est, par excellence, une ville animée et remplie de gaîté ; son climat ensoleillé est délicieux et sa population, à l’esprit vif et enjoué, ne contribue pas peu à en rendre le séjour agréable. La ville est traversée par des boulevards et des avenues superbes. Plusieurs sont célèbres : les Allées de Meilhan avec l’ombre de leurs grands arbres, la rue Noailles et enfin la fameuse Cannebière dont s’enorgueillissent tous les Marseillais. La Cannebière est un large boulevard qui descend jusqu’au Vieux Port. Elle est bordée de maisons luxueuses et de cafés brillants, très animés. Ils font de ce joli coin de Marseille, à la chaude lumière du soleil couchant, avec au loin la forêt des mâts du Vieux Port, un endroit des plus plaisants et qu’on ne quitte qu’avec regret.
A droite de la Cannebière se trouve le beau et vaste monument de la Bourse avec une loggia ornée d’un bas-relief représentant ‘Marseille recevant les produits du monde entier’. C’est à la Bourse que siège la Chambre de commerce de Marseille, une des plus importantes et une des plus riches du monde.
Derrière la Bourse, s’étend la Vieille Ville, jusqu’à l’Hôtel de Ville qui se trouve à droite du Vieux Port. De pittoresques et vieux quartiers de pêcheurs seront l’objet d’une visite intéressante.
A l’extrémité du vieux port, le Fort Saint-Jean ; en face le Château du Pharo et la Vieille Abbaye de Saint-Victor.
A quelques pas de la Cannebière se dresse le monumental ascenseur qui dessert la colline et la nouvelle chappelle de Notre-Dame de la Garde ; ce sanctuaire,  si populaire chez les marins provençaux, domine la ville toute entière. Rien de plus beau que le spectacle que l’on a de la colline de Notre-Dame de la Garde : le panorama de la ville entière, le port, les îles et à sept milles de la côte au-delà du Château d’If, la tour de Planiers, un des phares les plus puissants de la Méditerrannée.
Il faut signaler encore la belle promenade du Prado formée par une Avenue magnifique de plus de trois kilomètres. Elle est très fréquentée et c’est à son extrémité qu’on pourra voir le Château Borely qui contient un très curieux musée d’antiquités marseillaises, égyptiennes et phéniciennes.
La promenade de la Corniche s’impose ; la route est taillée dans les rochers et offre les plus beaux points de vue sur Marseille, notamment sur le Château d’If qu’a illustré Dumas père dans Monte-Cristo ; c’est sur le chemin de la Corniche, un peu avant d’arriver à la belle promenade du Prado, que se trouve un restaurant célèbre où l’on mange le plat marseillais par excellence, la bouillabaisse, tout en contemplant un admirable panorama de mer et de rochers.
Marseille est le premier port commercial de France ; il y entre et il en sort annuellement environ 17.000 navires de tout tonnage et de tous pavillons qui portent dans leurs flancs près de 6 millions de tonnes de marchandises de toutes sortes.
Enfin c’est le port de Marseille qui reçoit, parmi tous les ports français, la plus grande quantité de céréales ; on a compte que plus d’un million de tonnes de céréales entrent, en effet, en France par Marseille.
Une visite au Bassin de la Joliette permettra facilement de se rendre compte de sa prodigieuse importance. C’est là que viennent aborder les plus grands paquebots du monde.
Les navires qui font un service de voyageurs transportent, chaque année, plus de 300.000 passagers. Tous les ans, il part des bassins de Marseille 1.624 vaisseaux à destination de l’Algérie et de la Tunisie ; 130 pour la Grèce ; 312 pour la Turquie d’Europe et d’Asie ; 275 pour l’Egypte ; 160 pour les Indes ; 104 pour la Chine et le Japon ; 65 pour l’Australie ; 108 pour l’Amérique du Sud, etc. De pareils chiffres ont une éloquence particulière.
Cependant Marseille n’est pas seulement une ville commerçante ; elle compte en France parmi les plus vivantes et les plus animées. La vie y circule et s’y renouvelle ; le grand labeur du jour se termine le soir par l’envahissement joyeux des rues et des promenades. Lorsque, au milieu de sa population active, on voit passer les costumes étranges et multicolores d’hommes et de femmes qui viennent des contrées les plus lointaines, l’aspect unique, original, inattendu de Marseille, où se trouvent réunis le mouvement d’une grande et riche cité et la grâce souriante d’une ville de soleil et de joie, donne l’impression que Marseille a su conserver de ses antiques et héroïques origines un peu du charme de l’Orient qu’elle nous ouvre et nous fait pressentir.»

Brochure « Chemins de fer PLM » de la fin du XIXe siècle